A l'heure où tu liras ce texte, je ne serais plus là. Sache que je t'ai toujours aimé : tu étais, tu es et tu seras à jamais ma meilleure amie. Mais il y a des évènements contre lesquelles on ne peut rien. Et ceux qui m'ont conduit à ce moment en font partie. Tu dois me trouver lâche, tu dois me haïr du plus profond de ton être. Mais c'est la seule solution qui existait. Sinon, je serai devenue folle. Comment t'expliquer à toi, si rationnel, ce qui m'a traversé l'esprit pendant toutes ces années. J'ai souffert, plus que tu ne peux l'imaginer. Tout ça à cause d'elle. Tu te souviens d'elle, n'est-ce pas? Bien sûr. Nous avons été ensembles tellement longtemps. Toutes les trois, amies pour la vie. Mais c'était bien plus compliqué. Avec elle, rien de simple. Tout était toujours trop compliqué. Ça a commencé lors de notre cinquième. Nous n'étions que des gamines insouciantes, des gamines qui rêvaient d'une différence. C'est elle qui a tout enclenché. Elle m'a raconté un rêve. J'ai enchaîné avec un autre. Inventé, évidemment. Mais c'était tellement... Amusant? Je pense que c'est ce nous nous sommes dites à l'époque. Puis ça a continué et tout s'est enchaîné, trop vite, trop fort. Nous n'étions plus nous-même, mais ces deux jeunes filles venant d'un autre monde, ces deux jeunes filles aux pouvoirs exceptionnels. Et puis, il y a eu lui. Cet homme que je disais voir en rêves. C'était faux, bien sûr, et pourtant, je me suis mise à y croire. Je me suis enlisée dans mes propres mensonges. Et j'en suis tombée amoureuse. Amoureuse d'un homme qui n'existe, amoureuse d'un songe. C'est ce qui commencé à me mener à ma perte. Le cœur qui battait dès que je fermais les yeux et le dur retour à la réalité lorsqu'ils se rouvraient. Les larmes coulaient d'elles-même, la nuit, quand j'étais seule. Le jour, je portais un masque. Un masque de joie, de rires. Alors que mon âme commençait à se briser. Et elle, qui ne comprenait rien, qui continuait. Malgré les regards, malgré l'éloignement. Elle me poursuivait, me hantait. Elle ne voulait pas être seule dans sa folie. J'aurais dû lui dire la vérité immédiatement, mais j'ai été lâche. Car je ne voulais pas qu'elle se brise comme je l'étais. La seconde m'a fait du bien. Loin d'elle, juste avec toi. Seulement, le mal était déjà fait. Ce psychologue n'y a rien changé, mes parents non plus. Me faire traiter de « malade mentale », de « folle », de « frappée » par mon père n'améliorait rien. Au contraire. Cette vie me laissait. En moi, je ne ressentais que le vide le plus absolu, le néant le plus total. Je m'éloignais de vous, mes maies, lentement, mais sûrement. Et puis, je me suis mise à la haïr. Parce qu'elle, elle remontait la pente, reprenait vie. Tandis que moi, je sombrais encore et encore. Elle n'avait pas le droit de s'en sortir. C'était elle qui m'avait entraînée dans cette spirale infernale, pourquoi n'y tombait-elle pas avec moi? Et puis, il y eu ce jour. Hier matin pour être plus précise. En voyant ma famille réunie, heureuse, j'ai compris. Je n'avais plus de place dans ce monde. Jamais je ne pourrais y avoir une vie. Alors, j'ai pris ma décision. Et cette lettre a suivit immédiatement, après les préparatifs pour la fin. Ma fin. Alors pleure, haïs-moi, mais garde-moi toujours une place dans ton cœur. Et surtout, ma belle et merveilleuse amie, vis pour nous deux. Je t'ai aimé, je t'aime et je t'aimerais toujours. Sois en sûre. Et sois heureuse.