Lorcan ne voulait pas dormir.
Tenant entre ses doigts l'enveloppe que lui avait offert Elena, il restait pensif, cherchant à deviner par caresse ce qu'il y avait dans l'enveloppe. Il avait au début pensé à une poudre, dès le premier contact. Puis avait réalisé que c'était dur. Une chaine. Très légère, en dépit des maillons allongés. Il avait ensuite ressentit un pendentif. De forme étrange, n'avait réussi à trouver la nature de l'objet. Pourquoi le fantôme lui avait elle offert un collier?
Les yeux bleus de Lorcan se baladèrent sur le dortoir. Il s'était assis sur le toit de son lit en badalquin, qui contrairement aux idées pré-reçues, n'était pas fait de tissus mais de bois. Et le tissus était jeté par dessus. Léger, le garçon-chat s'y tenait en équilibre, observant à la manière d'un hibou les garçons qui dormaient dans leurs lits.
Dire que Harry Potter s'était tenu là, quelques années auparavant.
Lorcan ferma les yeux. Il ne voulait pas dormir, mais se le devait. Les BUSEs arrivaient, et il fallait qu'il soit en forme pour les examens. Pas très réjoui, le Lion se coucha lentement, chutant en arrière, sur le bois de son lit. Il tendit ses bras, et cala ses coudes contre le rebord des cadres de jonction. Mauvaise position, ça faisait très mal. Il releva les bras, et les croisa sur sa poitrine. Quand ouvrirait il l'enveloppe? Pourquoi pas maintenant? Ses ongles décachetèrent lentement le papier soigneux, et il souleva bientôt la chaine argentée.
Il avait les faveurs d'un fantôme.
Souriant doucement, Lorcan étudia le pendentif. Une clé. Une minuscule clé. Avec des inscriptions gravée dans le fer.
« J'ouvre les portes les plus secrètes. »
Les yeux écarquillés, Lorcan resta longtemps à fixer la clé. La montre de quelqu'un sonna. Minuit. Il ferma les yeux, et s'endormit lentement.

(…)

Deux heures.

Lorcan ouvrit les yeux. La clé chuta de ses doigts. Tous ses muscles se tordirent dans un violent mouvement, et il tomba sur le sol, se rétablissant in extrémis, ses genoux heurtant méchamment le sol. Au moins, ce n'était pas la tête.
Lorcan se releva. Son coeur battait à cent mille à l'heure. Entre ses doigts, la clé, intact. Il ouvrit lentement sa main, et admira le reflet métallique de l'objet. Silence et contemplation. Le jeune Lion leva le bras, et enfila le collier autour de son cou, glissant la chaine sous ses vêtements.

Marcher la nuit est très tranquilisant, très bien, très reposant. Somnambule, paranoïaque, narcissique, Lorcan voyait en ces balades nocturnes une manière de s'affronter indirectement. Il avait peur du noir, mais pas des ténèbres. Etrange, n'est ce pas? Les yeux fermés, le Lion se déplçaiat en fonction des bruits qu'il émettait, et ses oreilles, ultra sensible, le faisait malgré lui suivre la trace de quelqu'un. Ou quelque chose.
Il entendait quelque chose se cogner un peu partout, sans grande discrétion. De plus, il sentait une odeur, devant lui, à quelques couloirs. Cela faisait deux trois minutes que Lorcan suivrait, sans le savoir, Jacob, mais aucun des deux ne savaient à quel point la nuit serait folle et joyeuse. Haha.
Les toilettes.
Lorcan ouvrit les yeux, et sortit sa baguette, lentement.
 Immortalis Pimenti.
La fleur de pierre, sculptée dans un mur s'éveilla doucement sous le sortilège, prenant vie, se détachant de son support de pierre. Lorcan la récupéra, et prudent, la jeta par dessus le vide d'un escalier. Il tourna de nouveau son regard vers les toilettes, et s'avança lentement. Bruit de chasse d'eau. Nan, lui n'avait pas envie. Il avança encore.
Et se retrouva nez à nez avec Jacob.
Enfin presque.
A quelques mètres de distance. Soit pas trop effrayant.
Ce qui n'empêcha pas Jake de hurler.
Fort.
Stupéfait, Lorcan plaqua ses mains contre ses oreilles, sensible. De longues secondes, les vibrations résonnèrent dans l'immensité du château.
Puis Lorcan comprit.
 Espèce d'idiot!!!!!!
Paniqué, Lorcan se tourna sur lui même, et entendit aussitôt; deux étages plus bas, les lampes du couloir est, section forces du mal s'allumaient les unes après les autres, en menace de mort.
 Mais pourquoi t'as crié? Ils arrivent!
Les yeux écarquillés, Lorcan étudia une seconde des yeux le visage de Jake, puis presque à contrecoeur, détourna les yeux, et réagit.
En détalant.
Lorcan était quelqu'un de petit, de mince, et de très léger. Mais qui courait très vite. Il avait dut hériter du côté « lapin » de sa mère. Bondissant, heurtant les murs et rebondissant contre eux pour accélérer sa vitesse, il réfléchissait aussi vite qu'il le pouvait. Il fallait rejoindre le tour de Gryffondor. Limite mission impossible. L'odeur masculine de Jake emplit ses fosses nasales. Lorcan se stoppa, dérapant sur le sol, et se releva lentement, étudia Jake.
 T'es le loup-garou, toi.
Ses yeux bleus d'enfant innocent dévorèrent les courbes masculines qu'offrait le magnifique torse nu de Jacob, puis il sourit, et leva le pouce, montrant le chemin.
 Entre un dragon et un loup, tu crois que c'est qui qui court le plus vite?
Ça devenait très excitant en fait. Avant qu'il n'ait put répondre, le surveillant était là, à l'autre bout du couloir.
 Arrêtez vous! Élèves hors du dortoir! Revenez!
Lorcan explosa de rire, et sans répondre, bondit, tous muscles déchainés dans un effort de course qu'il avait rarement eut la chance de faire. Alors? Dragon ou Loup? Pardon... Lapin ou Loup?

Perdre la trace d’un loup-garou. Merde. Comment peut on perdre la trace d’un loup quand on a du sang lapin dans les veines ? Excellente question que se posait Lorcan depuis quelques secondes, ses yeux bleus balayant les portes qui défilaient au rythme de sa course haletante. Il s’était gouré dans la prise de respiration, et un point de côté commençait à se faire ressentir. Lorcan accéléra, tandis que les cris furibonds du concierge. Ou du surveillant ? Qui donc ? Pouf pouf ce sera toi au bout de trois. Trois. Surveillant ? Bref. On s’en fout royalement. Parce qu’en plus c’est Rusard. Qui entre nous malgré sa hanche démise et ses yeux vitreux court hyper vite et bien, en plus. Saleté de vieux chat dégoutant. Lorcan hurla quand une porte s’ouvrit juste devant lui, pris de panique, mais au final, le visage de Jake se dessina . Le cœur battant à mille à l’heure, Lorcan posa sa main sur sa hanche droite, et se plia en deux, pour reprendre son souffle. Okay, le loup gagnait pour le moment. Jake eut la bonté de patienter quelques secondes, le temps que le jeune blond puisse reprendre l’intégralité de sa capacité pulmonaire, puis Lorcan releva la tête, confirmant qu’il était prêt à se remettre à courir. Bande de tarés.
Apparemment, le concièrge avait pris son chat avec lui pour les tracer. Et c’est qu’il gagnait du terrain sur eux, le vieux ! Lorcan courrait de toutes ses forces, un énorme sourire aux lèvres. Ils avaient maintenant atteint le quatrième étage. Yepee ! Lorcan cessa soudainement de courir, stoppant brusquement son corps. Il se retint à un mur avec les mains, et repartit à toute vitesse dans l’autre sens, ignorant les cris d’incompréhension de Jake. Il se retourna juste, et lui fit signe de venir rapidement, euphorique.
- Viens ! Magne !
Lorcan se stoppa devant une arcade pierre, dont le couloir latéral donnait sur les chutes du précipices encerclant le rocher de Poudlard. Lorcan se précipita dans l’aile, et le vent nocturne balaya son visage. Il se rua vers le milieu du couloir, et chercha des yeux ce qu’il trouva rapidement.

- Elena !

La fantôme de Serdaigle, Dame grise, se tourna avec grâce vers Lorcan, tandis que Jake arrivait derrière. Lorcan sourit à son camarade, puis se tourna vers le spectre.

- Elena, s’il vous plait, nous sommes poursuivis. Auriez vous la bonté de nous aidez à rentrer à la Tour de Gryffondor sans que l’on se fasse attraper ?

La jeune femme défunte posa ses yeux mélancoliques, puis sourit doucement et leur fit signe de les suivre. Pendant une brève seconde, Lorcan se tourna vers Jake et lui fit un signe victorieux, avec le V des doigts, puis s’engouffra à la suite d’Elena.
Persuadé de rentrer sain et sauf dans la tour de Gryffondor.
Sauf qu’Elena ; Lorcan ; et Jake n’avaient pas prévu une chose ; que le passage secret du fantôme soit connu par une autre personne.
Et que cette autre personne soit un élève particulièrement attiré par la magie noire.
Car dès l’instant où Lorcan posa sa main pour ouvrir la porte qui aurait dut le conduire au septième étage, il avança et tomba dans un trou. Profond. Très profond. Et il disparut de la surface, laissant un Jake et une Elena totalement ahuri, se demandant où venait de disparaitre le garçon.

[à partir de là, ça va devenir un peu fou, attends toi à tout. (a)]

Une demie éternité plus tard, Lorcan se releva lentement. Il avait les jambes en coton, et une profonde envie de vomir. Tout était noir autour de lui.

- Jake ? Jaaaaaaaaaaaaaaaaake ?

Rien ne lui répondit. Lorcan sortit sa baguette de sa poche, et priant pour ne pas tomber nez-à-nez avec un monstre, alluma le Lumos. Il perçut sur sa droite une seconde lumière. Après quelques secondes à ce que son cœur reprenne une vitesse normale ou presque, le Gryffondor comprit que c’était un miroir. Il s’approcha lentement.

Envie de vomir.
Profonde envie de vomir. Nauséeux, malaise, ses yeux bleus ne lâchant plus ses mains. Il sentait à peine son cœur battre. Au dessus de lui retentit un hurlement caverneux, résonnant partout, dans son esprit, à ses côtés. Lorcan localisa tout de même la source. Jake était au dessus.
A genoux, il s’était coupé, et trempait dans le sang de ses mains et de ses jambes. Le miroir avait explosé. Et comme une mosaïque, de partout, les reflets renvoyaient une image incontestable. Lorcan refoula une vague de larme.
Ses cheveux blonds avaient poussés, jusqu’au milieu de son dos. Et c’était tout ce qu’il voulait regarder, même s’il avait senti les autres TERRIBLES changements. Sa robe de sorciers et ses vêtements étaient devenus deux fois plus amples que d’habitude, son corps était devenu beaucoup plus léger, mais formant des angles bizarre.

« Mais mais mais… »

Incapable de raisonner calmement, Lorcan n’osait plus regarder les bouts de miroir, étalés partout, et dont sa baguette, lui ayant échappé des mains éclairaient. Il refusait de regarder, d’affronter une seconde de plus ce qu’il venait de devenir, en touchant la surface lisse de la glace. C’était écoeurant.
Des bruits de pas retentirent derrière lui, dans la pénombre. Neurasthénique, Lorcan se força nonobstant à se relever. Là, il se rendit compte qu’il avait toujours commis une erreur : ne JAMAIS se moquer des filles marchant à talons. Totalement déséquilibré par l’articulation nouvelle de ses chevills, il s’empetra dans ses vêtement et retomba lourdement sur le sol, se coupant encore la paume au milieu des miroirs. Le bruit de sa chute sembla résonner de partout. Il leva ses mains et les plaqua contre ses oreilles agressées. Au contact du sang sur ses cheveux, trop longs, il hurla.

Paniqué.

Sa course terrorisée s’acheva quand Lorcan heurta violemment quelque chose de grand, massif, et très dur. Lorcan tomba à la renverse, et il entendit un petit cri de surprise, dont il reconnut immédiatement la voix.

-Jake !

Il entendit le Lumos, et ferma les yeux une brève seconde, avant de les rouvrit, le cœur gros. Il vit la baguette de Jake, illuminée, éclairer son nouveau corps, et le visage de son camarade de maison. Lorcan céda ; il explosa en sanglot.

Jacob répondit quelque chose qui fut tellement… bizarre, que Lorcan cessa de pleurer, stupéfait. Quoi ? Pas de moqueries, pas de rires, pas de cris ? Le Lion cilla, stupéfait. Puis il comprit, et ça fit aussi mal. Bon en même temps c’était con, Lorcan aurait dût cesser de pleurer depuis le début. Mais le noir, le sang et ce corps était déstabilisant. Un rire fusa d’entre ses lèvres, doucement, sans aucune crise de folie particulière, comme s’il était simplement amusé par ce que venait de dire Jacob à son sujet. Un sourire, voilà, accroché à ses lèvres. Il posa les yeux sur la baguette, quand Jake gémit soudain, et ouvrit les doigts, révélant une baguette blanche. Une seconde, Lorcan crut que c’était la sienne. Mais non, sa baguette blanche était bien dans sa poche. Poche devenue trop large. Il la récupéra, et regarda de nouveau Jake.

« Lumos Maxima. »

Le sortilège éclaira la cavité profonde d’une salle circulaire mais assez large. Des tunnels perçaient comme des orifices vivant les murs, longeant de chemin les alentours. Lorcan tourna sa lui-même, sentant les larmes revenir. Pfff, lâche. Indigne d’un Lovegood. Il essuya avec rage les foutues larmes, et se planta devant Jacob.

- Jacob Dragonneau, j’ai découvert que tu étais un Loup-garou, je crois qu’on était… à l’infirmerie, pour Léa… tu te souviens ?

Il vit la surprise naitre dans les yeux de JAke. Cette minuscule étincelle le fit exploser d’euphorie, très nerveux.

- Ouiiiiiii, c’est moi, Lorcan Scamander !! HAHAHAHAHAHAHAHA !!!

Toujours ignorant la baguette blanche, Lorcan se mit à trépigner sur place, en proie à une furieuse envie de rire, cédant totalement dans ce que l’on pourrait appeler un « grave pétage de câble ». Il se mit à tourner sur lui-même, faisant valser ses longs cheveux blonds, dans une ronde de folie morbide.

« T’as vu ça, t’as vu ça ? Haha ! »

Il sentit les mains de Jake se poser sur ses épaules et le forcer vers un tunnel. Encore riant aux éclats, Lorcan s’y rendit docilement, n’ayant absolument pas remarqué la troisième présence tapi dans l’ombre.